Portraits d'entrepreneurs
Rodolphe Lanctuit a créé, le 2 décembre 2011, à Chatou, une SAS "Esinova" spécialisée dans l'e-administration pour les collectivités locales. Nous avons recueilli son témoignage.
BGE: "Pouvez-vous présenter votre entreprise et votre activité ?"
RL: "J’ai créé une entreprise de conseil en informatique spécialisée dans l’accompagnement aux collectivités locales pour la mise en œuvre de projets d’e-Administration, c'est-à-dire de démarches en ligne par internet.
L’objectif est de favoriser le décollage de ce marché récent en apportant un savoir-faire basé sur une expérience « vécue de l’intérieur », puisque dans un passé récent j’occupais la fonction de Directeur des Systèmes d’Information dans une commune de la région parisienne, et que j’ai été précurseur avec le pilotage d’un des premiers projets de cette nature en France. Les possibilités qu’offre Internet aujourd’hui sont extrêmement diversifiées avec le e-commerce, les réseaux sociaux, la presse et bien d’autres usages encore. Les communes se doivent d’accompagner ce mouvement en proposant à leur tour d’accéder aux services publics locaux sans nécessairement se déplacer aux guichets à des horaires souvent contraints. Ces projets sont donc un enjeu fort pour les mois et années à venir dans la plupart des communes.
La dématérialisation des démarches administratives ne peut se résumer à la seule mise en place du meilleur outil au regard des besoins exprimés. Cela génère des impacts sur l’organisation, sur les procédures en vigueur et soulève parfois des réticences au changement.
Pour pallier à ces difficultés, la société que je dirige propose différents services :
- des prestations d’accompagnement pour anticiper et identifier les impacts sur l’organisation au sein d’une collectivité, définir les adaptations à envisager afin de faciliter la mise en œuvre du projet et son appropriation par les agents,
- une plateforme de « Hotline citoyens », pour aider les habitants au quotidien dans l’usage des démarches en ligne par Internet de leur commune.
BGE: "Quelles ont été vos motivations à créer une entreprise et pourquoi cette activité ?"
RL: "Après des études supérieures et un diplôme d’Ingénieur en Informatique obtenu en 1990, j’ai exercé mon métier pendant 13 ans dans le secteur privé au travers de postes offrant de plus en plus de responsabilités technique, managériale, de pilotage de projet et de gestion. J’ai ensuite intégré la fonction publique territoriale pendant 7 ans où j’ai pu exercer ces compétences au profit de projets novateurs pour les collectivités locales.
Le point de départ de ma réflexion pour créer une entreprise fut les multiples sollicitations reçues de différentes villes un peu partout en France, désireuses de bénéficier d’un retour d’expérience pour mener à bien un projet d’e-Administration. Un besoin de conseil semblait donc émerger. A cela s’ajoutait mon goût de plus en plus prononcé pour l’autonomie et l’implication dans les décisions stratégiques d’une entreprise. Après avoir exercé pendant 9 ans des fonctions de Directeur des Systèmes d’Information dans les secteurs privé et public confondus, il m'a semblé qu'il était temps de changer d’orientation.
J’ai alors mûri mon projet en réalisant une étude de marché, en définissant un positionnement et une ébauche de services à proposer, et en « tâtant » le terrain auprès de clients et partenaires potentiels. Les premiers éléments récoltés m’ont semblé positifs et j’ai pris la décision de me lancer !"
BGE: "Vous êtes passé avec succès de l’idée à la concrétisation : quelles ont été les bonnes et mauvaises surprises ?"
RL: "Les bonnes surprises furent de trouver des clients assez rapidement. Cela validait le fait que les services imaginés sur le papier correspondaient bien à une demande et que le marché pressenti était bien réel. A cela s’ajoutait le suivi et les formations dispensées par la Couveuse qui m’ont permis de découvrir et prendre conscience assez rapidement des multiples compétences que doit acquérir un chef d’entreprise.
La mauvaise nouvelle fût la prospection commerciale. J’avais sous-estimé cette tâche tant sur le temps à y consacrer que sur le rythme. Une idée aussi bonne soit-elle ne peut rencontrer un client sans une prospection active. De plus la prospection doit être répartie tout au long de l’année même durant les périodes fastes sous peine de se trouver sans activité pendant quelques semaines."
BGE: "La rencontre avec la Couveuse des Yvelines : comment s'est-elle passée ? Que vous a apporté l'accompagnement ?
RL: "Je m’étais inscrit à une soirée dédiée à la création d’entreprises à la Chambre de Commerce des Yvelines. A cette occasion j’ai découvert l’existence de la Couveuse et les missions proposées. Je souhaitais un accompagnement dès le début de ma réflexion, cette rencontre était donc opportune. L’accompagnement m’a permis d’appréhender rapidement les différentes facettes du métier de chef d’entreprise, de comprendre et trier les différentes informations obtenues çà et là, d’améliorer mon projet progressivement dans différents domaines : prix, supports de communication, recherche de clients, gestion …etc."
BGE: "Avez-vous bénéficié d'autres aides (conseils, financements....) ? Que vous ont-elles apporté ?"
RL: "Je n’ai pas bénéficié d’aides financières dans la mesure où mon activité de services ne nécessite que peu de mise de fonds au démarrage. En matière de conseil, j’ai sollicité des avis externes d’amis ou de la famille sur des points précis en fonction de leur expérience afin de bénéficier d’un regard extérieur."
BGE: "Aujourd’hui, chef d’entreprise, quels conseils pourriez-vous donner à d’autres porteurs de projet ?"
RL: "Je conseillerais deux choses :
- La première est de réaliser une étude de marché permettant de mûrir son projet. Cette étude est généralement nécessaire pour obtenir un financement, je conseille de la réaliser même sans cette contrainte comme ce fût mon cas. J’ai abordé cet exercice dans l’optique d’affiner mon projet du mieux possible. Rédiger un document est très différent d’une simple réflexion, cela oblige à se poser de multiples questions, à se remettre en cause, à soulever des difficultés non envisagées jusqu’alors et à trouver les réponses adéquates. Au final le projet en ressort plus précis et plus pertinent.
- La deuxième est de se faire accompagner. Les compétences à acquérir pour créer son entreprise sont multiples et se lancer seul conduit à une découverte par à-coup, à commettre des erreurs. Un accompagnement permet d’anticiper de nombreux points et constitue un gain de temps pour se consacrer plus sereinement à son projet."
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